En France, beaucoup plus que dans d’autres pays comparables, le système scolaire reproduit, voire renforce les inégalités sociales. Aujourd’hui, face aux fractures ouvertes dans notre société, le service public d’éducation nationale est en première ligne. L’insuffisance des moyens programmés pour la rentrée 2015 comme la réforme des collèges, bâclée et régressive, annoncée pour 2016, n’en sont que plus inquiétants. La mobilisation pour en finir avec l’austérité, l’ouverture d’un débat citoyen pour construire l’école de l’égalité, sont des urgences.
La rentrée 2015 s’annonce mal
Les lycéens seront encore plus pénalisés par l’austérité. Dans les Hauts-de-Seine, 1141 élèves de plus et seulement 13 postes de professeurs de plus ! Il manque aussi des salles de classe… et des lycées : à Boulogne/Issy, à Nanterre/Rueil, à Clamart, à Bagneux et celui de Courbevoie ne sera pas construit avant 2018. La plupart des « bahuts » sont en « surcapacité », ce qui entraîne des transferts de formations professionnelles et technologiques (exemple : lycée Ionesco d’Issy) vers d’autres établissements, donc des temps de transports de plus en plus long pour les élèves.
Pour tout le second degré, quelques dizaines de postes créés, c’est loin de compenser les 300 postes supprimés en 2011 et 2012 ! Les collégiens ne verront pas d’amélioration. Les moyens pour les classes d’accueil des primo-arrivants, pour l’intégration des élèves en situation de handicap, pour le remplacement des professeurs absents (déjà si insuffisant !) sont rognés. Le département va perdre 8 réseaux en éducation prioritaire, ce qui concerne 8 collèges (et une quarantaine d’écoles primaires). Seuls deux collèges, classés « REP+ », « concentreront les moyens » : soit 4 postes de professeurs de plus pour… 1061 élèves ! Il manque des Conseillers Principaux d’Education, des personnels de santé et d’assistance sociale, des Conseillers d’Information et d’Orientation psychologues…
Dans le premier degré, l’augmentation des effectifs par classe est la première préoccupation. Les créations de quelques postes « plus de maîtres que de classes », de formations « adaptation scolaire et scolarisation des enfants handicapés », de quelques sections pour les moins de trois ans en maternelle, sont loin d’être suffisantes. Les réseaux d’aide et de soutien (RASED) restent sous dotés, depuis la centaine de postes supprimés en 2008.
Des réformes gouvernementales
qui renforcent les inégalités
A cela s’ajoutent les conséquences de la réforme dite « des rythmes scolaires », qui fait reposer sur les communes encore plus de missions d’éducation, voire d’enseignement, parfois confiées à des associations ou à des professionnels du privé. Ce qui aggrave les inégalités sociales et territoriales, et augmente les dépenses pour les familles.
C’est dans ce contexte qu’est annoncée une réforme des collèges. Ses axes (autonomie des établissements, personnalisation des parcours, contestation des enseignements scolaires, diminution des horaires des élèves, interdisciplinarité forcée…) ne résolvent en rien la question des échecs et des inégalités scolaires, de plus en plus liées aux inégalités sociales.
Au contraire, avec une diminution du quart des horaires des disciplines enseignées pour créer, à moyens constants, des modules relevant d’initiatives locales autonomes, on va à coup sûr, pour les plus socialement défavorisés, vers une réduction des ambitions à quelques « savoirs de base », acquisitions de « pratiques », de « comportements », mis en opposition aux « savoirs théoriques ».
C’est aggraver la mise en concurrence des établissements, dans un « marché de l’éducation » dans lequel le privé, souvent confessionnel, prolifère déjà.
Alors, que faut-il faire ?
Quelques pistes pour le débat et l’action